Je continue mon périple hondurien en longeant la côte des Caraïbes. A partir d’octobre, des bateaux de croisières vont commencer à faire escale dans la petite ville tranquille de Trujillo. De nombreux étrangers, en majorité Canadiens, viennent y investir en masse. Tout se passe en ce moment, l’endroit est en pleine mutation. C’est la première fois que j’observe ainsi, de si près, les prémices de la transformation d’un lieu vers toujours plus de tourisme… et je dois le dire, ça fait un peu peur…
Investissements canadiens à louer pour les vacances
J’ai cherché sur Google « eco hotel honduras » et ai écrit à plusieurs établissements. Un seul hôtel m’a répondu et invité à venir y séjourner : le Trujillo Beach Eco Resort. Le projet de ce grand complexe immobilier/hôtelier est en phase de construction. Andre, le Responsable Marketing, m’accueille au sein de leur bureau à La Ceiba et me présente les plans du projet. Ce sont en fait deux grands complexes : un à la Ceiba et à un autre à Trujillo (celui où je vais séjourner). Je ne rencontre pas l’investisseur et propriétaire du projet, Ronny. C’est un homme d’affaires israélien qui vit au Canada. Je vais donc surtout passer beaucoup de temps avec Ales, le Responsable de l’accueil des clients au sein du resort.
Le modèle de ce resort est un peu particulier. L’entreprise Eco-Ventures vend des parcelles de terrain à des investisseurs canadiens, et chacun construit ensuite à sa guise sa petite maison. Les investisseurs sont en majorité des particuliers qui investissent au Honduras pour ses prix attractifs, avec la mer de Caraïbes en plus. Pour la plupart, l’objectif est de pouvoir venir y vivre un jour, ou du moins, y passer quelques mois d’hiver lorsque sonnera l’heure de la retraite.
La société Eco-Ventures s’occupe ensuite de louer les maisons aux touristes lorsque les propriétaires n’y sont pas. Pour l’instant, il n’y a pas beaucoup de tourisme à Trujillo à vrai dire… Quelques touristes locaux pendant les périodes de très haute saison (la fameuse Semaine Sainte en Avril par exemple). Et puis, il faut dire que le resort est (pour le moment) excentré, à près d’une demi-heure du centre de la ville en 4×4, au milieu de la nature.
Un projet en construction
Trujillo Beach Eco Resort, ce seront en tout à peu près 500 constructions réparties sur 4km le long de la plage, et 1km dans les terres juste à côté du parc naturel du lac Guaimoreto. Il m’est difficile d’imaginer le tout, c’est un projet gigantesque. C’est l’éclosion d’une nouvelle mini ville à côté de la ville. Je séjourne dans un des condominiums (pavillons) qui est déjà terminé. Le resort, c’est pour l’instant : ces 2 pavillons de 12 petites maisons, un grand bâtiment en pleine construction juste au bord de la plage et de petites maisons ici et là déjà terminées ou en cours. J’ai un peu l’impression d’être dans SimCity !
Je passe donc 3 nuits ainsi, toute seule dans une de ces petites maisons au milieu de « presque » rien, mais avec une sympathique piscine juste pour moi. Le matin, Ales m’emmène découvrir les environs et l’après-midi je travaille sur l’ordi pour faire des recherches de contacts d’associations « bird watching » pour Andre.
Les environs sont sympas, et il y de nombreuses possibilités d’excursions à organiser avec la population locale. Ales a pleins de bonnes idées, il ne reste plus qu’à développer le tout !
Et la partie « eco » dans tout ça ?
C’est assez difficile d’allier l’aspect écologique avec le concept même de ce grand projet immobilier dans une zone à la base si naturelle… L’éco-tourisme est semblerait-il plutôt à la mode à travers l’Amérique Centrale. J’ai un peu l’impression que le terme est utilisé à partir du moment où l’hôtel est situé au milieu de la nature (versus les resort all-inclusive de bord de mer style Cancun).
Ce resort va respecter toutes les règles de construction et d’aménagement obligatoires du sein du Honduras : système de traitement de l’eau et des déchets par exemple… L’ingénieur responsable du projet m’explique qu’ils sont en train de « re-forester » les lieux car ce terrain avait été déforesté il y a longtemps déjà. Ils replantent des arbres ici et là. Le truc, c’est que chaque propriétaire de chaque emplacement peut ensuite construire de la manière dont il le souhaite sur son emplacement. La seule contrainte qui leur est donnée est de respecter un certains ratio construction/végétation.
J’ai rencontré l’architecte d’une des maisons. Le propriétaire de cette maison a lui choisi une méthode de construction plutôt eco à base de « pisé » (terre crue) mélangée à un peu de ciment et respectant les principes de base d’orientation du bâtiment pour utiliser au mieux le soleil et les vents et ainsi aider à optimiser l’isolation thermique (cf video et article sur Hopineo.org).
Par contre, je suis allée sur le chantier d’un grand bâtiment en blocs de béton en construction juste au bord de la plage… et ici, même les principes de base d’orientation du bâtiment pour l’optimisation de l’utilisation du soleil, du ciel, et du vent ne sont pas appliquées (voir le livre « Sun, Wind, and Light: Architectural Design Strategies » de Mark DeKay & G. Z. Brown pour de bons exemples d’applications à ce sujet)
Bon, positivons, il s’agit ici de la partie construction (qui est une partie très importante certes…), mais le développement durable c’est aussi bien: la gestion des déchets, de l’eau, de l’énergie, la responsabilité sociale, le développement local, la promotion du patrimoine, la sensibilisation du personnel et des touristes… (voir toutes les catégories d’hopinnovations sur Hopineo.org).
J’observe qu’Ales, le gérant sur place a une très belle définition du tourisme durable et pleins de bonnes idées à ce sujet. J’espère que les investisseurs seront prêt à financer et mettre en place ses idées afin de doter cet « eco-resort » d’un minimum de pratiques innovantes pour le Honduras (outre le respect des lois). Surtout, que le principal intérêt du lieu, mis à part sa plage, est la richesse de sa faune et sa flore. Il est donc très important de la respecter afin d’attirer les touristes sur le long terme ! A bon entendeur 😉
J’ai en tous cas passé un séjour très sympa en compagnie de Ales et des autres employés du Resort. Ils m’ont accueilli comme un membre de l’équipe. J’ai pu apprendre à faire des tortillas avec Corina (cf video sur youtube pour le cours express à mes côtés dans la cuisine du restaurant), découvrir les alentours du magnifique Lac Guaimoreto (cf video), visiter Trujillo, ou encore observer les singes et oiseaux au coucher et lever du soleil avec Ales (cf quelques photos sur Picasa).
Et puis, je me suis ensuite dirigée pour 3 jours de farniente sur la petite île de Utila pour y passer mon niveau de plongée PADI Advanced… pas besoin de mots pour décrire l’expérience, je vous propose de me suivre en images, en photos et video : rencontre avec une petite tortue trop mignonne et exploration sous-marine !
